Ouverture fine et Analyse Forensique

Le domaine de prédilection de ce site est l’ouverture fine, c’est-à-dire les méthodes qui permettent d’ouvrir une serrure (sur une porte, un coffre fort, un contacteur ou encore un tiroir quelconque…) sans l’abîmer, et de manière que la serrure fonctionne toujours par la suite sans que l’on puisse remarquer l’ouverture.

Mais il faut selon moi différencier deux types d’ouverture fine :

1/ L’ouverture fine indétectable (surreptitious entry), qui recouvre les quelques techniques qui ne peuvent être repérées, même avec une analyse forensique.

2/ L’ouverture fine discrète (covert entry), qui recouvre toutes les techniques ne laissant pas de traces évidentes de l’ouverture. L’utilisateur habituel de la serrure ne s’aperçoit de rien d’anormal. Mais une analyse approfondie de la serrure montrera des traces microscopiques, qui permettront d’affirmer qu’une tentative, voire une réussite d’ouverture, a eu lieu. Une analyse forensique (Le terme de forensic analysis, en anglais, est parfois utilisé) est nécessaire pour repérer ces traces et identifier les techniques utilisées.

La plupart des utilisateurs des techniques d’ouverture fine (crochetage, bumpkeys, pickguns…) pensent que leur ouverture ne pourra jamais être connue. C’est une erreur ! chacune de ces techniques laisse des traces bien précises, et qui permettent de les différencier les unes des autres. Il est même possible, dans une certaine mesure, de déterminer le niveau de compétences de l’opérateur.
Il est généralement impossible de déterminer si la tentative d’ouverture a réussi ou non, mais certains indices peuvent permettre d’avoir une idée du succès ou de l’échec de l’opérateur. L’analyse forensique des serrures s’inscrit dans la démarche criminalistique suite à une infraction.

Voyons un peu plus en détails les traces laissées par les méthodes les plus courantes :

Le crochetage par raclage :

Le raclage consiste à utiliser un outil comme celui-ci :

en réalisant des mouvements aléatoires dans la serrure pour simuler l’utilisation de la clé jusqu’à l’ouverture.

Si on compare au microscope une goupille neuve avec une goupille qui a subi un raclage, on voit nettement les marques laissées par les va-et-vient du pick :

 

L’embrayage au fond du rotor subi également des dommages détectables au microscope : (A gauche un embrayage neuf, à droite celui d’une serrure qui a subi un crochetage par raclage)

Enfin, si on découpe le rotor dans la longueur pour inspecter le canal de clé, on voit des rayures qui n’auraient pas pu être faites par la clé (qui par définition rentre en ligne droite) :

Le crochetage par palpage (ou crochetage goupille par goupille) :

Le palpage consiste à utiliser un outil comme celui-ci :

pour appuyer sur les goupilles successivement afin de la placer sur la ligne de césure comme le ferait la clé originale.

Cette technique étant plus délicate que la précédente, les marques sont moins nombreuses, mais néanmoins présentes :

L’utilisation d’un palpeur crée également des rayures à l’intérieur du rotor :

Quelle que soit la technique de crochetage, l’utilisation d’un entraineur laisse aussi des marques à l’entrée du canal de clé.

Soit en haut (en comparant à un cylindre neuf à gauche) :

Soit en bas :

L’ouverture au Pickgun mécanique :

Le Pistolet mécanique est un outil comme celui-ci :

qui permet de frapper les goupilles pour créer un vide entre les goupilles actives et passives.

Sa lame qui frappe verticalement les goupilles laisse des marques rectilignes très nettes sur les goupilles :

Les Bumpkeys ou clés de frappe :
Les bumpkeys sont des clés comme celle-ci :

dont la fonction est similaire au Pickgun. En frappant la clé par l’arrière afin de frapper les goupilles de biais et réaliser un vide entre goupilles actives et passives.

Lorsque l’on utilise cette technique, les frappes répétées vont marquer l’avant du cylindre. En plus, la rotation forcée de la clé peut déformer les puits de goupilles :

Ce sont les techniques les plus courantes, les plus connues et les plus utilisées. Et elles laissent des traces facilement détectables pour qui sait quoi chercher. D’autres techniques, moins courantes ou plus complexes, peuvent également être révélées par une investigation adaptées.
A l’opposé, il est possible de repérer les « fausses » tentatives d’effraction. Pour faire jouer l’assurance, certaines personnes peuvent être tentées de simuler une effraction sur leur serrure en laisser des traces assez évidentes. Mais un spécialiste ne s’y trompe pas, ces fausses effractions sont bien différentes des vraies. Les assureurs peuvent éviter de débourser des sommes indues en se renseignant ou en faisant appel à une expertise.

Les techniques d’ouverture fine indétectables sont assez rares, et ne seront pas détaillées sur ce site pour ne pas donner d’idées aux personnes malintentionnées…
Si votre travail ou vos fonctions requièrent que vous connaissiez ces techniques, pour les utiliser à bon escient ou pour vous en protéger, n’hésitez pas à prendre contact, je pourrai vous orienter vers les informations et les formations qu’il vous faut.

Ajout du 11/06/2014 : quelques infos complémentaires sur https://fr.wikipedia.org/wiki/Serrurerie_forensique et sur http://www.serrurerieforensique.fr

Ajout de Janvier 2016 : Livre Blanc de la Serrurerie Forensique : Vol sans effraction et fraude à l’assurance, comment les détecter efficacement ? Cliquez ici pour télécharger le PDF

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4 Responses to “Ouverture fine et Analyse Forensique”

  1. hlidskjalf dit :

    wouaw tu as découpé au moins 5 cylindre pour faire un post, (tu es riche?)
    bon je trouve dommage que l’on ai pas l’image de goupille d’un cylindre ouvert plusieurs fois par sa clef, car elle doit aussi laisser des marques (du moins je suppose) pour une ouvertur sans trace j’ai bien une idée, ouverture fine par télékinésie ^^, non plus sérieusement (oui moi je vois pas le mal de parler de ca sur internet) peut etre une … molle ? bon faire de l’impress.. doit faire des parque sur le coté des goupilles. je vois que la molle et encore je suis pas sur, et un peigne peu en plus des goupilles laisser des trace a l’entrée ou dans les puits.
    autrement ca fais plaisir de voir un nouveau article sur ce site, bonne continuation.

    • Frenchkey dit :

      Hello,

      J’ai effectivement découpé plusieurs cylindres. La recherche et l’expérience demande un peu d’investissement.
      L’utilisation répétée de la bonne clé laisse des marques mais qui se différencient bien des marques laissées par les outils de crochetage et autre.
      L’impression, par clé molle ou de manière traditionnelle laisse des marques sur les côtés des goupilles comme tu l’as dit.
      J’essaierai de rajouter ces éléments sous forme de photos quand j’en aurai le temps.

      Merci de suivre le blog, bonne continuation à toi 😉

  2. SerLOM dit :

    Bonjour
    Superbe travail d’investigation. Des photos riches d’enseignement. Toutefois, comme hlidskjalf, j’aimerais voir un cylindre de plusieurs années.

  3. Thierry dit :

    Bonjour merci pour tout mais cet toute une science les serrure en faite.

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